Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/137

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sérieusement à un état qui pût lui procurer de quoi vivre. Il lui restait à essayer ce qu’il avait lieu de se promettre de ses liaisons avec les gens en place et les grands seigneurs. D’abord il eut sujet de s’applaudir de cette idée : tous le reçurent à merveille, et il n’y en eut aucun qui ne promît de s’employer en sa faveur, et ne parût enchanté de trouver l’occasion de l’obliger.

Très-content d’éprouver que les hommes en général étaient bien meilleurs qu’on ne les représente communément, il se crut au bout de ses peines, et ne douta plus d’obtenir bientôt une place avantageuse à la cour. Avec la moitié moins de pénétration que celle dont il était doué, il aurait aisément reconnu la sotise qu’il y avait à se bercer de ces vaines espérances : mais, quoique le jugement nous fasse appercevoir les fautes des autres, l’expérience peut seule nous indiquer les nôtres. Il s’imaginait avoir apporté plus de précaution que personne dans le choix de ses amis, et il ne soup-