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Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/145

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de lui demander comment il arrivait que, quoique si jeune, elle eût déjà « passé deux années entières dans l’affliction ». Cela vient répondit-elle, de ce que, lors de la mort de mon père, toute notre famille se sépara ; j’abandonnai mes connaissances pour suivre ma mère, et aller avec elle à Padington : il faut vous avouer qu’elle ne m’a jamais aimée. En général, elle ne se soucie guères que de mon frère ; car elle croit tout le reste du monde fait uniquement pour lui. Elle se refusait à elle-même ainsi qu’à moi, les choses les plus nécessaires, afin d’épargner de quoi fournir à sa dépense. J’espère, ajouta Cécile, qu’à présent tout ira mieux, pourvu que votre frère consente à voir un médecin. Ah ! madame, c’est à quoi il est douteux que nous puissions jamais l’amener ; il craindra d’être vu dans ce chétif logement. J’avoue, madame, répliqua-t-elle avec un sourire ingénu, que lorsque vous êtes venue ici pour la première fois, je ressemblais un peu à mon frère ; j’avais honte de vous laisser appercevoir