Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/95

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son projet de voyage. Il alla s’acquitter, en tremblant de cette commission, et revint avec un air déconcerté leur dire que M. Harrel lui avait appris qu’il avait contracté une dette d’honneur beaucoup plus considérable qu’il n’était en état de payer ; et comme il ne pouvait se montrer qu’elle ne fût acquittée, il était forcé de quitter le royaume sans perte de temps. Oh, mon frère ! s’écria madame Harrel, souffrirez-vous que nous partions ? Hélas ma chère sœur, répondit-il, et quand je serai ruiné à mon tour, qui pourra ou voudra vous secourir ?

Mme Harrel pleura alors amèrement ; et le tendre M. Arnott, en tachant de la consoler, ne put s’empêcher de mêler ses larmes à celles d’une sœur qu’il chérissait. Cécile, dont la raison était plus forte, et dont l’équité naturelle était révoltée, éprouva des sensations différentes ; et abandonnant madame Harrel aux soins de son frère, dont elle plaignait la trop grande facilité, elle rentra chez elle. En vain chercha-t-elle du repos ; l’affreuse situa-