Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/111

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surchargez pas du poids de votre supériorité. Je ne cherche point à m’égaler à vous ; je n’entreprends nullement de me justifier. Je reconnais aussi volontiers ma petitesse et mon néant, que vous pourriez vouloir me les faire sentir ; il n’y aurait que l’insulte qui pût me révolter assez pour m’empêcher d’en convenir.

Croyez-moi, repartit madame Delvile, je ne viens point ici pour vous blesser, ni vous outrager ; je suis fâchée d’avoir pu vous paraître trop fière. La situation singulière et périlleuse de ma famille m’a peut-être, sans que je m’en doutasse, mise dans le cas de me servir d’expressions qui ont pu vous offenser. Il est peu de personnes qui puissent traiter de sang-froid des sujets qui les touchent de près ; daignez cependant, je vous prie, être bien persuadée que je n’ai jamais eu l’intention de vous insulter ; n’imaginez pas qu’en parlant avantageusement de ma famille, j’aye voulu rabaisser la vôtre : je sais, au contraire, qu’elle est respectable ; je sais même que, fût-elle la dernière du royaume, les plus