Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/120

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surpris que cette affaire fût connue, et montra la plus vive indignation qu’on eût osé noircir sa conduite, ajoutant qu’il était au désespoir qu’on pût avoir le moindre prétexte de le soupçonner de cette infamie. Il est vrai, dit-il d’un air ingénu, que je n’ai jamais aimé la famille Delvile ; elle est hautaine, jalouse et vindicative. J’aurais cru manquer aux devoirs de l’amitié, si je ne vous eusse dit ce que j’en pensais, lorsque je vous vis prête à vous allier à elle. Je vous parlai avec la chaleur que mon zèle pour votre bonheur m’inspirait. Mais, quoique j’aye cherché à vous dissuader de ce mariage, j’étais bien éloigné de vouloir que cette rupture se fît aux dépens de votre réputation… Me supposer un dessein aussi noir, aussi horrible, aussi diabolique, c’est me faire l’injustice la plus criante !

La bonne foi apparente de ce discours dissipa presque les soupçons de Cécile, qui aimait beaucoup mieux les voir détruits que confirmés ; elle commença à