Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/33

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contenta donc de prendre avec elle sa femme-de-chambre ; et suivie d’un laquais, elle partit le lendemain matin, quittant sa maison pour aller contracter un engagement qui l’obligerait bientôt à y renoncer pour toujours.

Toute désintéressée qu’elle était, sa situation lui paraissait aussi fâcheuse que critique. Dès qu’elle avait été en possession d’une fortune que d’autres auraient regardée comme digne d’envie, elle n’avait plus connu le repos ; en vain avait-elle cherché la paix et la tranquillité, elle avait été la dupe des fourbes et la proie des indigents. La seule consolation qu’elle eût éprouvée avait été de leur en faire part, et ce n’était que dans ce moment qu’elle pouvait espérer d’être heureuse, précisément lorsqu’elle était sur le point de renoncer à ce que tout le monde envisage comme le souverain bien.

Ces réflexions firent place à d’autres encore plus désagréables : elle se trouvait pour la seconde fois prête à faire une