Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

action de la légitimité de laquelle elle n’était point convaincue, et dont dépendraient par la suite son repos et sa félicité : cette action en elle-même imprudente, clandestine et mystérieuse, la privait de l’héritage d’un oncle qui avait voulu l’enrichir, et était tout-à-fait opposée aux intentions du père de son époux, dont la désobéissance ne pouvait manquer de lui attirer son courroux. Ces tristes pensées la tourmentèrent pendant toute la route. Elle arriva à Londres, et descendit à un hôtel garni de la rue d’Albermale, que Delvile lui avait indiqué, et qu’il avait eu soin de lui faire préparer ; elle se rendit aussitôt chez madame Delvile. Il était assez indifférent qu’elle fût reconnue des domestiques, puisque leur maître ne devait pas tarder à être informé du véritable motif de son voyage. On la fit entrer dans une salle basse, et pendant qu’on informait madame Delvile de son arrivée, son fils accourut pour la recevoir. Elle vit bien à son air que les choses n’étaient point