Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

savois que le lord étoit en droit de me reprocher une sottise ; je brûlois d’envie de lui faire mes excuses, et il me fut impossible de prendre sur moi de lui parler d’une aventure dans laquelle je m’étois exposée avec tant d’imprudence : bien plus ; j’osai à peine ouvrir la bouche pendant tout le temps de notre promenade. J’étois sûre qu’il avoit pris mauvaise opinion de moi : cette idée me poursuivoit sans cesse, et me faisoit craindre qu’il n’interprétât mal tout ce que j’aurois pu dire. Ainsi, au lieu de mettre à profit une conversation qui, dans d’autres circonstances, m’auroit été infiniment agréable, je demeurai muette, triste et honteuse. Que d’embarras un seul faux pas ne m’a-t-il pas attirés ? Si jamais je retombois dans la même faute, oh ! je mériterois la plus sévère punition.

« Nous fîmes trois ou quatre fois le tour de la salle, avant que le reste de notre société vînt nous joindre ; ils étoient toujours également querelleurs, ce qui engagea madame Mirvan à se retirer, sous prétexte d’être fatiguée. Elle en fit la proposition, qui fut unanimement acceptée. Mylord Orville nous demanda nos ordres ; mais nos cavaliers ayant décliné