Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/127

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allons vous chasser de vos quartiers. Venez, Lucie, Marie, approchez-vous du feu et séchez vos guenilles. Mais, parbleu ! où est restée notre vieille Française » ?

« Bon Dieu ! m’écriai-je, madame Duval n’est-elle pas avec vous » ?

« Avec moi ? non pas, Dieu merci ».

J’étois très-alarmée de ce qu’elle pouvoit être devenue ; et, s’il eût dépendu de moi, j’aurois été la chercher moi-même. On envoya de tous côtés des domestiques au-devant d’elle : le capitaine ne cessa de nous dire qu’il falloit nous tranquilliser et nous en fier au petit-maître Français, qui en prendroit bien soin.

Nous fûmes long-temps avant que d’avoir de ses nouvelles, et nous demeurâmes seuls dans la chambre. Mon inquiétude augmenta au point, que sir Clément en eut pitié ; il s’offrit d’aller lui-même chercher madame Duval, et il alloit se mettre en chemin, lorsqu’elle entra accompagnée de M. Dubois.

« Je sortois, madame, lui dit-il, pour vous chercher ».

« Vous êtes bien bon, monsieur, de venir lorsque le danger est passé ».

Elle étoit dans un état effroyable, couverte de boue depuis les pieds jusqu’à