Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/128

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la tête, et dans une colère qu’il est difficile d’exprimer. Nous lui témoignâmes à l’envi l’intérêt que nous prenions à son désastre. Mais le capitaine, fidèle à ses manières grossières, ne la vit pas plutôt, qu’il partit d’un grand éclat de rire.

Nos soins et nos attentions l’empêchèrent de prendre garde aux insultes du capitaine ; et graces à son emportement et à sa détresse, il n’étoit pas difficile de la distraire.

Nous la priâmes de nous informer de son accident : « Hélas ! dit-elle, après que vous nous eûtes quittés, le pauvre M. Dubois ; — mais il n’y avoit pas de sa faute, car il est tout aussi mal accommodé que moi ».

Tous les yeux se tournèrent alors vers M. Dubois, qui, tout tremblant de froid, se tenoit au coin du feu pour sécher son habit.

Le capitaine rit plus fort que jamais, et madame Mirvan faisant l’impossible pour occuper l’attention de madame Duval, la pria de reprendre le récit de son aventure ; elle continua ainsi : « Nous voulûmes nous en retourner par la pluie, et M. Dubois eut l’honnêteté de me soulever dans ses bras, pour m’aider à traverser un endroit où il y avoit de la boue