Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/129

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par-dessus le talon. J’ai payé bien cher cette politesse, car au beau milieu de ces ordures, — que n’en étois-je à cinquante lieues ! — je ne sais comment il s’y prit, — je ne suis pourtant pas si pesante ; mais enfin le pied lui glissa, — je le suppose du moins, — et nous tombâmes tous deux à la renverse. — Plus nous faisions d’efforts pour nous relever, plus nous enfoncions, — et mon négligé de soie est entièrement gâté. — Nous sommes encore trop heureux d’être parvenus à nous relever ; car vous vous êtes mis peu en peine de nous, et personne n’est venu à notre secours ».

Le capitaine, ravi en extase, couroit de l’un à l’autre pour jouir en plein de leur détresse ; il poussoit des cris de joie, et secouant rudement la main de M. Dubois, il le félicita d’avoir touché terre anglaise. Ensuite il approcha une chandelle pour mieux examiner madame Duval, et il déclara que de sa vie il ne s’étoit si bien diverti.

La fureur de madame Duval étoit inexprimable : elle arracha le chandelier des mains du capitaine, frappa du pied, et finit par lui cracher au visage.

Ce procédé parut les calmer tous deux ; la joie du capitaine se changea en colère,