Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette apparition, marqua son étonnement d’un air tout-à-fait plaisant. L’aînée des Branghton m’annonça enfin le sujet de leur visite : « Nous venons, dit-elle, pour vous mener à l’opéra ; mon père et mon frère vous attendent là-bas, et nous irons prendre en passant votre grand’mère ».

« Je suis fâchée, répondis-je, que vous vous soyez donné cette peine, je suis déjà engagée ».

« Engagée ! et qu’est-ce que cela fait, miss ? Cette jeune demoiselle se chargera de vos excuses ».

« Je le voudrois bien, lui dit miss Mirvan, mais je serois fâchée moi-même d’être privée de la société de miss Anville ».

« Cela n’est pas joli, reprit miss Branghton ; considérez, madame, que nous ne sommes venus que pour faire plaisir à notre cousine ; c’est pour l’amour d’elle que nous allons à l’opéra, et nous avons fait un grand détour pour la venir prendre ».

« Je vous suis infiniment obligée, et je regrette bien de vous avoir fait perdre tant de temps ; mais je ne puis qu’y faire, j’ai donné ma parole, sans pouvoir me douter de votre invitation ».