Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/164

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de leur faire sentir mes raisons, avec tout le ménagement dont j’étois capable.

Cette explication leur fit de la peine : elles me demandèrent où étoit ma place ?

« Dans l’amphithéâtre », leur répondis-je.

« Eh ! reprit miss Branghton, j’ignorois que ma robe ne fût pas assez belle pour l’amphithéâtre : mais allons-nous-en, Polly ; si miss Anville ne nous trouve pas assez bien mises pour aller de pair avec elle, elle n’a qu’à chercher mieux ».

J’allois leur faire comprendre que l’amphithéâtre demande autant de parure que les loges ; mais elles étoient trop piquées pour m’écouter davantage : elles sortirent de fort mauvaise humeur, en disant qu’elles étoient fâchées de m’avoir dérangée ; mais que je ferois bien d’être moins fière avec mes parens.

Je voulus me justifier, et j’allois les prier de se charger de mes excuses auprès de madame Duval : mais elles s’enfuirent brusquement ; et n’étant pas habillée, je ne pus les suivre. Je leur entendis seulement dire en partant : « Sa grand’mère sera dans une belle colère ! cela fera une bonne scène » !

Quelque désagréable que me fût cette