Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/171

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père, que tu es toujours prêt à dépenser l’argent, plutôt que d’en gagner ».

Je voulus les mettre d’accord, en acquittant la dépense à laquelle j’avois donné lieu ; mais ils refusèrent mon offre, et la voiture fut retenue peur nous mener à l’opéra.

Les demoiselles examinèrent fort attentivement ma parure, qui, en effet, cadroit mal avec la leur ; je voulus me mettre au niveau de leurs ajustemens, et demandai à emprunter un chapeau ou un bonnet.

Il n’y eut pas moyen d’en avoir : madame Duval n’en porte jamais ; elle appelle cette mode, anglaise et barbare ; il fallut donc me résoudre à rester comme j’étois. Nous partîmes tous entassés dans le même carrosse ; et n’ayant pas encore oublié les réflexions de M. Branghton, je payai le cocher lorsque nous mîmes pied à terre.

Si j’avois été d’une humeur moins chagrine, j’aurois trouvé de quoi rire ; ils n’avoient aucune idée de tout ce qui a rapport à l’opéra. D’abord ils ignoroient par quelle porte il falloit entrer, et nous rodâmes pendant long-temps autour de la maison, sans savoir de quel côté nous tourner ; ils ne jugèrent pas