Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/187

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Sir Clément se répandit en protestations d’honneur et en assurances de respect ; il me demanda pardon de m’avoir offensée, et il me conjura de ne pas prendre mauvaise opinion de lui. Je ne fis aucune réponse ; je le craignois trop pour lui faire des reproches, et j’étois trop fâchée pour lui parler avec bonté.

Nous avions couru plusieurs rues, quand, saisie de frayeur, je l’entendis crier tout d’un coup au cocher de faire halte : « Miss Anville, me dit-il, vous voici à vingt pas de votre maison ; je ne saurois vous quitter avant que vous ayez eu la générosité de me pardonner ; promettez-moi de ne rien découvrir de ce qui s’est passé à madame Mirvan ».

Je balançai entre la crainte et l’indignation.

« Ce silence affecté augmente le regret que j’ai de vous avoir déplu, et me prouve le peu de fond que je puis faire sur la faveur que je vous demande ».

« Je suis dans une fâcheuse extrémité ; il ne me convient pas de vous faire la promesse que vous exigez, et cependant je n’ose vous refuser ».

« Je ne vous presserai pas davan-