Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/188

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tage, miss Anville, et loin de vous extorquer votre promesse, je me remets entièrement à votre générosité ».

Cette démarche servit à m’adoucir ; il ne se fut pas plutôt apperçu de cet avantage, qu’il chercha à s’en prévaloir ; il se jeta à mes genoux, et il me fit ses excuses dans des termes si respectueux, qu’en vérité je ne pus m’empêcher de lui pardonner ; je rougissois de le voir dans une posture si humiliante ; et pour terminer la scène, je lui promis encore de ne pas me plaindre de lui à madame Mirvan.

J’aurois dû peut-être ressentir avec plus de sévérité la conduite téméraire de sir Clément ; mais c’étoit par mon imprudence et mon orgueil que je m’étois exposée. J’aurai grand soin de ne plus me trouver seule avec lui.

Nous arrivâmes enfin à la porte de notre maison, et dans l’excès de ma joie je lui aurois sûrement pardonné, si je ne l’avois déjà fait auparavant. Pendant que nous montâmes l’escalier, il querella beaucoup son cocher, du grand détour qu’il avoit fait. Miss Mirvan vint à ma rencontre ; elle fut suivie de mylord Orville.

Toute ma joie s’évanouit, et se chan-