Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/189

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gea en honte et en confusion. Mylord Orville m’avoit vue partir avec sir Clément, il savoit combien de temps j’étois restée avec lui ; ce calcul me suffoquoit, et je n’avois aucune raison à alléguer pour me justifier.

Toute la famille me fit l’accueil le plus gracieux ; le lord leur avoit dit que je n’étois plus avec madame Duval, et ils étoient fort surpris de ce que je tardois tant à revenir. Sir Clément fit semblant de s’emporter, et leur dit que son cocher l’ayant mal compris, nous avoit conduits au bout de Piccadilly. Je n’eus le temps que de rougir, et sans oser le contredire, je ne voulus pourtant pas ratifier un conte auquel je n’ajoutois aucune foi.

Mylord Orville me félicita poliment de ce que les embarras de cette soirée s’étoient terminés aussi heureusement, et il ajouta qu’il n’avoit pu prendre sur lui de se retirer sans avoir de mes nouvelles.

Il s’en alla bientôt avec sir Clément : dès qu’ils furent partis, madame Mirvan me reprit avec beaucoup de douceur, de ce que j’avois quitté madame Duval. Je lui promis d’être plus circonspecte à l’avenir, et assurément je tiendrai parole.