Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/190

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Les aventures de la journée avoient gâté mon sommeil pour toute la nuit. Je ne pus fermer l’œil : qui sait si mylord Orville ne s’imagine pas que mon entrevue avec sir Clément, dans la galerie, étoit un projet concerté ? Qui sait s’il ne me soupçonne pas d’avoir donné les mains à cette longue promenade nocturne ? Si du moins j’avois paru mécontente de la prétendue bévue du cocher !

Mais que dire de son attention à venir encore demander ce soir de mes nouvelles ? Si j’y entrevois un peu de défiance, elle ne prouve pas moins quelques inquiétudes de sa part. En effet, miss Mirvan m’a dit qu’il avoit été inquiet de ce que je tardois tant à arriver, qu’il s’en étoit même impatienté. Si ce n’étoit pas trop me flatter, je croirois presque qu’il a deviné les desseins de sir Clément, et qu’il étoit en peine pour moi.

Quelle longue lettre ! j’espère cependant que ce sera une des dernières que je vous écrirai de Londres ; car j’ai entendu dire ce matin au capitaine, que nous partirions mardi prochain. Madame Duval sera informée de cet arrangement dès aujourd’hui ; elle vient dîner avec nous.