Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/200

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crois qu’il étoit engagé dans une grande compagnie de dames ; je remarquai M. Lovel parmi les hommes qui en étoient.

J’étois indécise s’il convenoit de remercier mylord Orville de la manière généreuse dont il m’avoit délivrée des persécutions de cet homme. — Comme il avoit informé madame Mirvan de sa démarche, dans le dessein de me la confier, je craignis qu’il y eût de l’ingratitude à la passer sous silence. J’aurois pu cependant m’épargner la peine de cette incertitude, puisque je n’eus pas une seule fois occasion de parler sans être entendue de sir Clément. Celui-ci se montra extrêmement officieux, et à chaque parole que je disois, il s’inclinoit vers moi avec autant d’empressement que si je m’étois adressée à lui en particulier : ce n’étoit pourtant pas mon intention, car, loin d’entrer en conversation avec lui, je ne daignai pas le regarder.

Madame Mirvan, sans être instruite de l’aventure de l’opéra, désapprouva d’ailleurs la trop grande assiduité de sir Clément : elle m’a fait observer, qu’il est indécent qu’une jeune demoiselle paroisse si souvent en public avec le même cavalier ; et je suis persuadée qu’elle en