Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/236

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de ce dessein : je craignois tour à tour de réussir et d’échouer.

Lady Belmont, fermement persuadée de sa mort prochaine, m’a prié instamment, si elle venoit à accoucher d’une fille, de ne point l’abandonner à un homme si peu propre à se charger de son éducation ; elle me recommanda même, au cas qu’il insistât pour qu’elle lui fût remise, de me retirer avec elle à la campagne, jusqu’à ce que son père, par un changement total de conduite, se fût rendu digne de recevoir un tel dépôt. Quelquefois elle ajouta : « Et si la pauvre petite sympathisoit avec sa mère, du moins elle ne manquera de rien, tant qu’elle sera sous votre protection ». Hélas ! son enfant n’eut pas plutôt vu le jour, que l’infortunée lady Belmont se trouva plongée dans un abîme de misères, qui troublèrent son repos et sa réputation, et la conduisirent au tombeau.

Pendant l’enfance de la petite Evelina, j’ai formé nombre de plans pour lui assurer les droits de sa naissance ; mais je n’ai jamais pu tomber d’accord, avec moi-même. D’un côté j’aurois désiré sans doute de lui faire rendre la justice qui lui étoit due ; et de l’autre, je