Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/237

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tremblois qu’en prenant soin de sa fortune, je n’exposasse son cœur à de nouveaux dangers. Cependant je crus gagner beaucoup à mesure qu’elle avançoit en âge, et que son caractère commençoit à se développer ; une franchise naturelle, une aimable simplicité, un fond de candeur et d’innocence, un cœur porté à recevoir les moindres impressions ; toutes ces qualités me firent croire qu’en suivant mon inclination, je parviendrois à établir son bonheur. Je devois craindre pour elle une maison dont le maître est un homme dissolu et sans principes, où elle seroit privée des conseils d’une mère, et même de la direction de toute personne sensée, où sa perte en un mot eût été inévitable. Mon plan étoit non-seulement de l’élever et de la chérir comme mon propre enfant, mais encore de l’adopter comme héritière de mes petits biens, et de lui choisir dans la suite un époux avec qui elle pût passer des jours heureux et tranquilles, sans mélange de vice et d’ambition.

Tel est le récit exact de ce qui s’est passé jusqu’ici ; tels sont les motifs par lesquels je me suis décidé ; je me flatte qu’ils justifieront suffisamment la con-