Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’inspire des sentimens qui sont difficiles à concilier avec mon devoir. Qu’il me soit permis cependant de vous le demander, cette réponse ne pouvoit-elle pas être adoucie ? Ne suffisoit-il pas de me renoncer pour toujours, sans me traiter avec mépris, sans ajouter une si cruelle dérision ?

Mais, tandis que je vous entretiens de l’impression que cet événement produit sur mon ame, je ne puis m’empêcher de faire un retour sur ce père lui-même ; hélas ! comment pourra-t-il supporter les angoisses qu’il se prépare pour le temps ? mon cœur saigne pour lui toutes les fois que je fais cette réflexion.

Et dans quels termes il parle de vous, mon protecteur, mon ami, mon bienfaiteur ! Juste ciel ! quelle récompense pour tant de bontés !

En vain je cherche à détourner mes pensées d’un sujet aussi affligeant ; je prévois malheureusement que cette lettre ne terminera point la querelle, quoiqu’elle renverse d’un seul coup toutes mes espérances. Madame Duval est résolue de n’en pas demeurer là ; elle est extrêmement irritée, et elle proteste que sir Belmont n’en sera pas quitte à si bon marché : ce sont ses propres ex-