Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/328

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des herbes venimeuses ; tu ne cesses de reproduire, sous des formes nouvelles, les maux les plus cruels » !

Ce morceau pathétique annonce un cœur en proie à la plus vive douleur. L’auteur m’intéresse ; il doit lui être arrivé de grands malheurs : mais je ne conçois pas comment il peut se résoudre à rester avec des personnes aussi insensibles, et qui le méprisent, tant à cause de sa pauvreté, que par préjugé national. Il faut qu’il ait de puissans motifs pour supporter leur dureté ; peut-être, hélas ! est-ce la nécessité seule qui lui fait la loi. Je le plains sincèrement, et je voudrois être en état de lui donner quelque secours.

Dans cet intervalle, le domestique de M. Smith vint avertir, miss Branghton qu’elle pouvoit disposer actuellement de la chambre de son maître, parce qu’il alloit sortir.

Ce message gracieux n’augmenta guère ma curiosité de faire la connaissance de M. Smith ; son offre fut cependant acceptée avec empressement par les demoiselles Branghton, et elles m’invitèrent d’en profiter ; je les priai de souffrir que j’allasse tenir compagnie à madame Duval en attendant le goûter.