Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/330

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mais sa vivacité est maussade, et toutes ses manières me déplaisent au point que si j’avois à choisir entre sa pétulance et la stupidité, je me déciderois pour celle-ci, fût-elle même aussi hébêtée que Pope nous la dépeint.

M. Smith me fit mille excuses de ce qu’il avoit refusé sa chambre pour le dîner, et il ajouta qu’il n’auroit assurément pas commis cette impolitesse, s’il avoit eu l’honneur de me voir plutôt ; qu’il se croiroit trop heureux si, dans la suite, je voulois bien disposer de lui. Je lui répondis que tous les appartemens de cette maison m’étoient également indifférens, et en cela j’accusois juste.

« À vous dire vrai, madame, les demoiselles Branghton n’ont soin de rien, sans quoi ma chambre seroit très-fort à leur service. Je ne demande pas mieux que d’obliger le beau-sexe ; c’est-là mon fort : mais la dernière fois que je les reçus chez moi, elles ont mis la chambre dans un état à faire peur. Or, quand on aime la propreté, comme moi, vous sentez bien que cela ne fait pas plaisir. Quant à vous, madame, ce n’est pas la même chose ; et, je vous le proteste, dût-on ruiner tous mes meubles, je ne croirai pas avoir acheté trop cher le plaisir de