Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/351

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l’air de vouloir le tenir en respect. Je crus que j’étois ici un témoin superflu, et je leur dis que je descendrois pour voir si miss Branghton étoit revenue : ils n’eurent pas honte de me laisser aller.

Je retournai à la boutique et j’y retrouvai l’étranger ; il avoit la tête penchée sur son livre, mais j’observai très-distinctement que ses yeux étoient fixés sur moi.

M. Dubois fit de son mieux pour nous entretenir dans son jargon anglais jusqu’à l’arrivée des jeunes Branghton : ils parurent enfin.

« Ciel ! que je suis fatiguée, » s’écria la demoiselle en entrant, et aussi-tôt elle s’empara de la chaise dont je venois de me lever pour la recevoir. M. Branghton fils, qui apparemment étoit aussi fort fatigué, fit la même politesse à M. Dubois : deux chaises et trois tabourets composoient tout l’ameublement de la boutique, et il n’en resta pas pour moi. M. Branghton ne jugeant pas à propos de se déranger, invita l’étranger de se lever, et lui cria : « Allons, monsieur Macartney, prêtez-nous votre tabouret ».

Choquée de cette grossièreté, je déclinai le siége qui me fut présenté, et je