Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à chercher au plus vîte ma coterie. Ce ne fut pas sans me rappeler les précautions que j’avois prises à l’opéra, pour cacher à sir Willoughby mes liaisons avec cette même société que j’allois rejoindre, et qui étoit si différente de celles dans lesquelles il m’avoit vue précédemment à Londres.

J’apperçus bientôt madame Duval et ses cavaliers ; sir Clément demeura stupéfait de me voir accompagnée de la sorte. On me demanda d’abord des nouvelles des demoiselles Branghton. J’avouai que j’avois eu le malheur de les perdre dans l’une des grandes allées, où nous avions été insultées.

M. Branghton me reprocha, dans les termes les plus grossiers, l’imprudence que nous avions commise. Je priai son fils de voler au secours de ses sœurs ; il n’y consentit que par les ordres réitérés de son père, qui sortit avec lui : le sieur Brown se mit aussi en devoir d’aller à la découverte de sa belle.

Madame Duval ne s’apperçut qu’alors de la présence de sir Clément ; elle lui fit un accueil peu gracieux, et me dit : « Vous voilà donc revenue, mon enfant ? je suis surprise que vous ayez choisi un tel conducteur ».