Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/51

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suspens. Miss Mirvan et moi, nous ne fûmes pas les seules qui eûmes à nous plaindre ; aucune des femmes ne fut mieux traitée. J’étois piquée au point que je résolus de me passer de la danse, plutôt que de supporter de telles manières, et d’accepter le bras du premier venu qui daigneroit me l’offrir.

Un jeune homme qui nous avoit déjà fixées depuis quelque temps assez cavalièrement, s’avança vers moi sur la pointe des pieds : un petit souris de commande et un ajustement de fat, indiquoient assez qu’il cherchoit à s’attirer les yeux de l’assemblée, quelque laid qu’il fût d’ailleurs.

Il se prosterna jusqu’à terre, et en me présentant la main avec un geste infiniment étudié, il me dit d’un ton de voix fort niais : « Est-il permis, madame » ? Puis il se tut un moment, et se mit en devoir de prendre mon bras. Je le retirai, et j’eus de la peine à m’empêcher de lui rire au nez. « Vous voudrez bien, madame, continua-t-il en affectant de s’interrompre à tout moment, » m’accorder l’honneur et l’avantage, — si je n’ai pas le malheur d’arriver trop tard, — pour vous demander l’honneur et l’avantage ». — Et il voulut de nouveau