Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/52

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s’emparer de ma main. Je baissai la tête, je le priai de m’excuser, et je me tournai vers miss Mirvan, car je riois tout de bon. Il me demanda alors si quelqu’un plus fortuné que lui l’avoit déjà devancé. Je lui répondis que non, et qu’apparemment je ne danserois pas du tout. Il me répliqua qu’il ne s’engageroit pas de son côté, dans l’espérance de me voir changer encore de résolution ; et, après avoir marmotté quelques propos ridicules, dans lesquels il mêla les mots de chagrin et de malheur, il se retira avec son air souriant qui ne l’avoit pas quitté un instant.

Pendant ce petit dialogue, miss Mirvan, comme nous nous le rappelâmes ensuite, s’étoit entretenue avec la dame du logis. Bientôt après un autre jeune homme, âgé d’environ vingt-six ans, mis avec élégance, quoique sans fatuité, et d’une très-belle figure, m’accosta d’un air poli et galant, et me pria de lui faire l’honneur de lui accorder mon bras, si je n’étois pas encore engagée. Je ne vis pas trop quel pouvoit être l’honneur qui lui en viendroit ; mais ces sortes de phrases sont de simples façons de parler, qu’on emploie indifféremment et sans distinction de personne.

Je fis la révérence, et suis sûre que je