Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/77

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« Je ne m’en mets pas en peine, monsieur, et je vous prie de ne pas… »

« Cela est humiliant ! une dame qui attend son cavalier ! fi donc ! le négligent ! qui peut le retenir ? Me permettez-vous de l’aller chercher » ?

« Si vous voulez, monsieur », répondis-je fort à la hâte ; car je tremblois que madame Mirvan ne nous écoutât ; elle paroissoit déjà très-surprise de me voir en conversation avec un étranger.

« De tout mon cœur ! quel habit porte-t-il » ?

« Je n’y ai pas fait attention ».

« Foin de lui ! il a osé se présenter devant vous dans un habit qui ne valoit pas la peine d’être remarqué ! le gredin » !

Je ne pus m’empêcher de rire, et je crains que cette imprudence ne l’ait encouragé à continuer.

« Charmante créature ! pouvez-vous supporter avec tant de douceur un traitement aussi malhonnête ? Pouvez-vous, comme la Patience personnifiée, sourire après un semblable affront ? Quant à moi, quoique je ne sois point l’offensé, je suis tellement indigné, que je voudrois le tenir pour lui faire faire quelques tours de salle à bons coups de