Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce ton, une fois pour toutes ; je ne vois pas que ma trop grande franchise mérite un reproche. Si vous voulez m’imiter, mes chères dames, que ce soit, je vous prie, pour m’excuser ».

Nous étions surprises l’une et l’autre de l’étrange conduite de cet homme.

« Soyez au-dessus de votre sexe, continua-t-il en m’adressant la parole : une seule danse, je n’en demande pas davantage. Oubliez l’ingrat qui a tant abusé de votre patience ».

Madame Mirvan, tout étonnée, me demanda : « De qui parle-t-il donc ? Vous ne m’avez pas dit… ».

« Oh ! madame, s’écria-t-il, il n’en valoit pas la peine : c’est lui faire trop d’honneur ; n’en parlons plus. Une seule danse, c’est l’unique faveur que je sollicite : permettez que cette jeune dame me l’accorde ; j’en serai reconnoissant toute ma vie ».

« Monsieur, une faveur et un inconnu, sont deux idées que j’ai de la peine à combiner ».

« Si vous avez réservé jusqu’ici vos bontés pour vos seuls amis, faites aujourd’hui, pour la première fois, une exception en ma faveur ».