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DU BUDDHISME INDIEN.


quatre-vingt-une fois cent mille myriades de Kôṭis de Buddhas. Le Religieux se retire, et au bout de quelque temps il revient dire à son maître qu’il a compris la perfection d’une terre de Buddha. Le Tathâgata l’invite alors à en faire l’exposition lui-même devant l’assemblée. Le Religieux répond en énumérant les perfections dont il désire que soit douée la terre qu’il habitera, si jamais il parvient à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Cette exposition est faite d’une manière négative ; toutes les perfections y sont indiquées par leurs contraires, comme ici, par exemple : « Si dans la terre de Buddha qui m’est destinée il doit y avoir entre les Dieux et les hommes une distinction autre que « celle du nom, puissé-je ne pas parvenir à l’état de Buddha ! » Ces vœux désintéressés sont exprimés de nouveau en vers ; et quand les stances sont terminées, Bhagavat reprend la parole pour développer les perfections de vertu et de mérite auxquelles est arrivé le Bôdhisattva Dharmâkara. Ânanda demande alors à Çâkya si ce Bôdhisattva si parfait est passé ou à venir, ou bien s’il existe au moment où il parle ; à quoi Bhagavat répond qu’il existe en ce moment même à l’Occident, qu’il habite la terre de Buddha nommée Sukhavatî[1], et qu’il porte le nom d’Amitâbha. Vient ensuite la description de la splendeur de ce Buddha, splendeur à laquelle il doit son nom d’Amitâbha, « celui dont l’éclat est sans mesure. » Bhagavat a recours à diverses comparaisons pour exprimer combien il est impossible de se faire une idée des perfections de ce Buddha. Il décrit ensuite longuement la terre qu’il occupe, et la félicité des habitants de cette terre ; c’est cette merveilleuse abondance de biens qui mérite à ce monde le nom de Sukhavatî, « la terre fortunée. » Bhagavat reprend alors le même sujet en vers. Il énumère ensuite en prose les avantages assurés à celui qui prononce le nom de ce Buddha, qui pense à lui, qui éprouve quelque désir pour la terre qu’il habite. Ce sujet reparaît ensuite en vers. Bhagavat passe à la description de l’arbre Bôdhi sous lequel est assis Amitâbha, et à celle des Bôdhisattvas innombrables qui forment l’assemblée de ce Buddha. Deux de ces Bôdhisattvas, Avalôkitêçvara et Mahâsthâna prâpta[2], ont quitté leur séjour fortuné pour venir vivre dans le monde qu’habite Çâkya. Ânanda, quand l’éloge des Bôdhisattvas d’Amitâbha est terminé, exprime le désir de voir ce Tathâgata lui-

  1. Le nom de Sukhavatî signifie « la terre fortunée. » M. Schmidt, d’après des autorités qui me sont inconnues, identifie cette terre avec le plus élevé des étages célestes, qu’on nomme Âkanichṭha. (Geschichte der Ost-Mongol, p. 323.) Les livres que j’ai à ma disposition ne disent absolument rien de ce rapprochement, dont je ne puis vérifier l’exactitude.
  2. Je ne possède aucun détail particulier sur ce Bôdhisattva qui est cité dans le Vocabulaire pentaglotte chinois (sect. IX, art. III), dans une légende traduite par A. Rémusat (Foe koue ki, p. 120), et dans le Lotus de la bonne loi, où il suit immédiatement, comme ici, Avalôkitêçvara, et où son nom est écrit Mahâsthâma prâpta. (Le Lotus, etc., p. 2.)