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DU BUDDHISME INDIEN.

détruire[1]. Pourquoi ne me ferais-je pas une arme des Tîrthyas ? Ayant pris cette résolution, il revêtit la figure de Purâna, et s’étant élancé en l’air, il produisit des apparitions magiques de flammes, de lumière, de pluie et d’éclairs ; et il parla ainsi à Maskarin fils de Gôçâli : Sache, ô Maskarin, que je suis doué d’une puissance surnaturelle, que je sais discuter sur la science. Le Çramaṇa Gâutama prétend qu’il est doué d’une puissance surnaturelle, qu’il sait discuter sur la science. Il convient que celui qui sait discuter sur la science lutte avec celui qui en sait autant que lui [etc. comme ci-dessus, jusqu’à :] Allons donc lutter avec le Çramaṇa Gâutama dans l’art d’opérer, au moyen d’une puissance surnaturelle, des miracles supérieurs à ce que l’homme peut faire.

Mâra le pécheur prit ensuite la figure de Maskarin et tint le même langage à Sam̃djayin, fils de Vâiraṭṭî[2] ; c’est ainsi qu’ils furent abusés l’un par l’autre.

C’est pourquoi chacun d’eux se dit en lui-même : J’ai obtenu la puissance surnaturelle. Puraṇa et les cinq autres maîtres, qui s’imaginaient tout savoir, se rendirent auprès de Bimbisâra, surnommé Çrêṇya[3], le roi du Magadha ; et l’ayant abordé, ils lui parlèrent ainsi : Sache, ô roi, que nous sommes doués d’une puissance surnaturelle, que nous savons discuter sur la science. Le Çramaṇa Gâutama aussi prétend qu’il est doué d’une puissance surnaturelle, et qu’il sait discuter sur la science. Il convient que celui qui sait discuter sur la science lutte avec celui qui en sait autant que lui [etc. comme ci-dessus, jusqu’à :] Luttons donc avec le Çramaṇa Gâutama dans l’art d’opérer, au moyen d’une puissance surnaturelle, des miracles supérieurs à ce que l’homme peut faire.

Cela dit, Bimbisâra Çrêṇya, le roi du Magadha, parla ainsi aux Tîrthyas : Si vous voulez devenir des cadavres, vous n’avez qu’à lutter de puissance surnaturelle avec Bhagavat. [Quelque temps après,] Pûraṇa et les cinq autres maîtres, qui ne sachant pas tout s’imaginaient tout savoir, ayant rencontré sur le chemin Bimbisâra Çrêṇya, le roi du Magadha, lui répétèrent ce qu’ils lui avaient déjà

  1. Le texte dit : Na kadâtchid avatârô labdaḥ ; cela peut aussi se traduire : « je n’ai jamais pu trouver l’occasion. » Le premier sens me paraît préférable ; c’est celui que la Pradjñâ pâramitâ donne aux termes avatâra et avatârana : on pourrait très-bien le justifier par des autorités brâhmaniques.
  2. J’ai abrégé ce passage, qui dans le texte est la reproduction littérale du paragraphe précédent, sauf les noms propres.
  3. La traduction tibétaine des légendes relatives à la Discipline nous apprend que le roi Bimbisâra avait reçu le titre de Çrêṇya ou de Çrêṇika, parce qu’il était expert dans tous les arts. (Csoma, Analys. of the Dul-va, dans Asiat. Researches, t. XX, p. 46.)