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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

l’indifférence à l’égard des objets, par la considération de la perpétuelle contradiction des devoirs, les pensées et ce qui en résulte cessent de se produire avec abondance ; alors la cessation de tout exercice de la pensée, produite par un anéantissement de sa cause, semblable à celui d’une lampe, d’un germe, du vent, et résultant de l’oubli des choses passées, futures et présentes, c’est là le Nirvâṇa ; c’est de là que leur vient l’idée qu’ils ont du Nirvâṇa. Mais ces hommes, ô Mahâmati, qui ne voient que l’anéantissement, ne parviennent pas au Nirvâṇa.

D’autres le définissent ainsi : C’est la délivrance qui est l’action de passer dans un autre lieu aussi vite que le vent, action qui résulte de la cessation de tout exercice de la pensée à l’égard des objets. D’autres Tîrthakaras le définissent ainsi : C’est la délivrance résultant de la destruction de la vue de ces deux choses, l’esprit qui connaît, et l’objet qui doit être connu. D’autres se représentent la délivrance comme résultant de la cessation de tout exercice de la faculté de penser, cessation qu’amène la vue de ce qui est passager et de ce qui est éternel. D’autres le définissent ainsi : partant de cette conviction que la foule des pensées relatives aux attributs apporte avec elle la production de la douleur, inhabiles à connaître la mesure de la vue de leur propre esprit, épouvantés par la crainte des attributs, ils s’imaginent trouver le Nirvâṇa dans un caractère qui est le désir du bonheur résultant de la vue des attributs. D’autres connaissant à fond les caractères tant particuliers que généraux qui appartiennent à toutes les conditions, soit intérieures, soit extérieures, se représentent le Nirvâṇa comme la substance impérissable des êtres passés, futurs et présents. D’autres se représentent aussi le Nirvâṇa comme l’existence impérissable de l’âme, de l’être, de la vie, du principe nourricier, de la personne et de toutes les conditions.

D’autres Tîrthakaras, Mahâmati, dont l’esprit n’a qu’une fausse pénétration, se figurent que le Nirvâṇa résulte de la distinction qu’ils font de l’Esprit d’avec la Nature et de l’action unique de la modification successive des qualités. D’autres se représentent le Nirvâṇa comme résultant de l’anéantissement complet de la vertu et du vice ; d’autres, de la science qui anéantit complètement la douleur ; d’autres, de la considération que le monde est l’œuvre d’un Dieu créateur. D’autres affirmant que la création de l’univers est le produit de l’action mutuelle [des éléments], et non d’une cause, ne s’aperçoivent pas, dans leur erreur, que c’est encore là admettre une cause ; c’est d’après ce point de vue qu’ils se représentent le Nirvâṇa.

D’autres Tîrthakaras, Mahâmati, se représentent le Nirvâṇa comme résultant de l’intelligence parfaite de la vérité et de la voie. D’autres se livrant à