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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

Buddhistes qu’aux Brâhmanes. Le Buddha tcharita est une exposition poétique de la vie de Çâkyamuni Buddha ; ce poëme, d’une étendue peu considérable (87 feuillets), est attribué au Religieux Açvaghôcha. Il est écrit en vers des mètres anuchṭubh et indravadjra ; le style en est sinon très-poétique, du moins correct et parfaitement intelligible. Le Buddha tcharita n’est qu’un abrégé substantiel du Lalita vistara ; et cette circonstance mérite d’autant plus d’être prise en considération, qu’on ne remarque dans le poëme d’Açvaghôcha aucune des particularités grammaticales qui appartiennent aux dialectes pâli et prâcrit. Ainsi nous avons ici un ouvrage manifestement postérieur aux Lalita vistara, qui est écrit dans une langue plus grammaticalement correcte que le Lalita lui-même. Le nom d’Açvaghôcha (celui qui a la voix d’un cheval) est, ainsi que nous le verrons plus tard, célèbre dans l’histoire des migrations du Buddhisme. Mais rien ne nous apprend que notre auteur soit celui dont j’aurai occasion de parler dans mon résumé de l’histoire extérieure de cette croyance. Ce nom a certainement pu être porté par plus d’un Religieux buddhiste, et il faudrait autre chose que l’identité du nom pour conclure à celle de l’Açvagôcha du Nord avec le Religieux buddhiste que les Chinois nomment Ma mîng. Il est plus probable que notre auteur est le même Religieux que l’auteur du Vadjra çutchi, dont j’ai parlé plus haut[1].

Le travail des auteurs s’est étendu encore à d’autres parties de la littérature buddhique. Les Tantras eux-mêmes, ou pour le dire plus exactement, les ouvrages écrits en l’honneur des Divinités que les Tantras honorent ont été commentés et expliqués. Ainsi la Société Asiatique possède un petit volume nommé Sragdharâ stôtra, « La louange de Sragdharâ, » c’est-à-dire de celle qui porte une guirlande, volume qui n’est autre chose qu’un commentaire littéral sur un poëme de même titre, lequel ressemble beaucoup à ces petites compositions enfantées par la dévotion des Çivaïtes et consacrées à célébrer Çiva, Kâlî, et les autres Divinités de ce Panthéon spécial. La Déesse nommée Sragdharâ me paraît être la même qu’Âryatârâ ; du moins je trouve ce dernier nom à la marge du manuscrit. Dans cet ouvrage fort médiocre, Amitâbha et Avalôkitêçvara, ces deux personnages favoris des Buddhistes du Nord, figurent auprès de la déesse Âryatârâ. J’ignore, il est vrai, le nom de l’auteur de ce Stôtra ; ce doit être cependant un écrivain non inspiré ; car outre que Çâkya n’a pu ni prêcher, ni composer un pareil ouvrage, il ne l’aurait certainement pas commenté lui-même, quand bien même il en eût été l’auteur.

Mais parmi les auteurs d’ouvrages relatifs aux pratiques des Tantras, il n’en est

  1. Sect. II, p. 192.