Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/105

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promettre. Il faudrait donc que tout l’Occident cessât d’être chrétien pour céder aux Juifs sur un point de cette importance : j’ajoute qu’il faudrait qu’il cessât d’être âryen, ce qui est impossible.

Les deux tendances auxquelles la meilleure partie du genre humain est soumise se rencontrent donc dans la métaphysique chrétienne et ont fait de la religion du Christ une religion universelle. Les croyances sémitiques, au contraire, procèdent exclusivement d’une seule idée, celle à laquelle on a donné le nom de monothéisme, nom mal choisi, car au fond le panthéisme aryen n’admet pas moins l’unité de Dieu que la doctrine des Juifs ou des Arabes ; seulement cette unité est autrement entendue : l’unité de Dieu est absolue dans le panthéisme ; les Juifs, au contraire, admettaient la réalité des dieux étrangers comme celle du leur ; de ce qu’un sultan divin gouvernait le monde israélite, il ne s’ensuivait pas en effet que d’autres sultans ne pussent régner ailleurs.

Ce qu’il y a d’exclusif dans l’idée sémitique a eu deux conséquences qui se déroulent dans l’histoire : en matière de religion, les peuples sémites se sont fermés à toute influence étrangère, et ils n’ont pu propager leurs dogmes au dehors que par la violence. Les Juifs n’ont jamais essayé de convertir les autres nations : ils se sont contentés de se regarder eux-mêmes comme privilégiés et comme supérieurs au reste des hommes. Le développement de l’islâm appartient plutôt à l’histoire politique et militaire qu’à la science des religions. Il s’est étendu sur des peuples d’origine âryenne dans l’Asie centrale et dans l’Hindoustan, ainsi que sur des populations jaunes dans plusieurs contrées de l’Asie ; mais c’est par les armes qu’il a fait ces conquêtes, c’est par la force qu’il les conserve. Chez ceux de ces peuples qui l’ont adopté définitivement, l’énergie violente qui