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NOTES.

voit l’image du Tchâitya ? Ce symbole que Wilson a défini un piédestal carré divisé en compartiments[1], figure une enceinte quadrangulaire divisée en quatre carrés intérieurs du milieu desquels s’élève l’arbre Bôdhi[2].

f. 39 a.Au temps où le Kalpa dégénère.] C’est l’expression que j’ai expliquée plus haut ch. ii, f. 27 a ; elle signifie littéralement, « dans la souillure d’un Kalpa, » kalpa kachâyê. La version tibétaine dit d’une manière plus positive encore, « dans la lie d’un Kalpa. » Cela veut dire ici que le Kalpa où doit paraître un jour ce Buddha, ne sera pas, comme celui où vécut Çâkyamuni, un âge de misère et de péché.

À l’exception toutefois.] Le mot dont se sert le texte est anyatra, dont j’ai expliqué la valeur dans une note de l’Appendice, no X, sur le mot anyatra. Je me contente, quant à présent, de faire remarquer que le mot anyatra, en pâli annatra, « sauf, excepté, » a souvent pour synonyme en pâli ṭhapêtvâ[3], que je vais expliquer tout à l’heure dans la première note sur le f. 39 b.

Se lèveront, pour marcher, de dessus des lotus de diamant.] Le texte se sert d’une expression un peu obscure, ratna­padmavikrâminô bhâvichyanti. Je crois aujourd’hui que le sens véritable est, « marcheront sur des lotus de diamant, » pour dire, « feront croître sous leurs pas des lotus de diamant. » Les Siamois croient que quand Çâkyamuni marchait, des lotus bleus naissaient spontanément sous ses pas, pour empêcher ses pieds de toucher la terre[4].

f. 39 b.En laissant de côté.] Le mot que je traduis ainsi est le participe sthâpayitvâ, « ayant placé debout, » pour dire, « ayant mis de côté, ayant excepté. » C’est encore là un de ces participes employés adverbialement qui abondent dans le style buddhique. Il n’est pas moins fréquemment usité dans le dialecte pâli des Buddhistes méridionaux. On en peut déjà voir un exemple dans une stance relative à la sagesse de Çâriputra, que Turnour a citée d’après Mahânâma, au début de son introduction au Mahâvamsa ; le participe en question s’y trouve sous cette forme ṭhapêtvâna[5], qui est synonyme de ṭhapêtvâ que donne le Mahâvamsa même[6]. J’en citerai encore quelques exemples empruntés aux textes que j’ai entre les mains : Tam̃ Bhagavantam sammâsambuddham̃ ṭhapêtvâ ko aññô vattam̃ samatthô. « À l’exception du Bienheureux, parfaitement et complètement Buddha, quel autre est capable de le dire[7] ? » Le Thupa vam̃sa me fournit deux autres passages qui ne sont pas moins caractéristiques, voici le premier : Kassapassa pana Bhagavatô aparabhâgê

  1. Wilson, Ariana antiqua, p. 414.
  2. id. ibid. p. 416 et pl. xv, no 32 ; J. Prinsep, Coins and relics from Bactria, dans Journ. As. soc. of Beng. t. VII, pl. xxxii ; Lassen, Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, t. V, p. 450.
  3. Pâtimôkkha, f. 35 b, et p. 337 de ma copie.
  4. J. Low, On Buddha and the Phrabât, dans Transact. roy. asiat. soc. of London, t. III, p. 107 ; sur le Phrabât ou pied sacré, voy. Appendice, no VIII.
  5. Turnour, Mahâwanso, t. I, introd. p. XXXVI.
  6. Mahâwanso, t. I, ch. ix, p. 56, l. 6.
  7. Djina alam̃kâra, f. 29 a.