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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/616

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APPENDICE. — N° VIII.

j’avais cru pouvoir trouver quelques lumières dans le Lalita vistara à l’endroit où il énumère les causes qui font qu’un Buddha est doué des plus hautes qualités intellectuelles. Mais est-ce bien sérieusement que les Buddhistes ont pu dire qu’un Buddha est djâlag̃gulihastapâda, parce que pendant un très-long temps il a fatigué son corps et ses mains à servir, à baigner et à frotter de substances onctueuses son père, sa mère et d’autres personnages respectables[1] ?


31. Adhaḥ kramatâlayôç tchakrê djâtê tchitrê artchichmatî prabhâsvarê’ sitê sahasrârê sanêmikê sanâbhikê ; V29 tchakrâm̃kitahastapâdatala ; H1 tchakrâg̃kitapâṇipâdatalatâ ; Lc2, L2, M2, D2 hêṭṭâpâdatalêsu tchakkâni djâtâni hônti sahassarâni sanêmikâni sanâbhikâni sabbâkâraparipûrâni savibhat­tantarâni. Ce caractère, qui est ici développé avec tant de mots, signifie : « Sous la plante de ses deux pieds sont nées deux roues belles, lumineuses, brillantes, blanches, ayant mille rais retenus dans une jante et dans un moyeu. » C’est aussi là le sens que donne la version tibétaine. Les quatre listes de Ceylan, qui sont unanimes, sauf de très-légères variantes qui n’altèrent pas le sens, expriment aussi ce caractère presque dans les mêmes termes : « Sous la plante de ses pieds sont nées deux roues aux mille rais, ayant une jante, un moyeu, accomplies de tout point, et dont les intervalles sont régulièrement partagés. » Ce caractère est un de ceux auxquels les Buddhistes de toutes les contrées attachent le plus de prix ; on en aperçoit la trace sur la plante des pieds d’un grand nombre de Buddhas assis ; enfin il occupe le premier rang parmi les signes qui, dans l’opinion des Buddhistes, apparaissent sur les empreintes célèbres du pied fortuné, ou du pied de Çâkyamuni, que plusieurs nations voisines de l’Inde se vantent de posséder ; c’est ce que nous verrons bientôt dans la quatrième section de la présente note. On remarquera que le Vocabulaire pentaglotte et la liste du Dharma sag̃graha donnent ce caractère avec la concision d’une énumération dogmatique et sans aucun des développements des autres listes.


32. Supratisthitasamapâdaḥ ; V30 supratichihatapâda ; H2 supratich­ṭhitapâṇipâdatalatâ ; Lc1, L1, M1, D1 suppatiṭṭhitapâdô. Ce caractère signifie : « Il a les pieds unis et bien posés ; » les Tibétains le traduisent d’une manière analogue, d’après M. Foucaux : « Il se tient parfaitement droit sur ses pieds égaux. » Le Vocabulaire pentaglotte est, comme à l’ordinaire, extrêmement incorrect. La liste du Dharma sag̃graha extraite par M. Hodgson ajoute à la description des pieds celle des mains, de cette manière : « La propriété d’avoir la plante des pieds et [la paume] des mains bien établie, bien dressée. » Cet énoncé doit être fautif, car outre que les mains n’ont rien à faire en cet endroit, le mot sama, « uni, » qui est indispensable à la description, manque complètement ; or ce que la description veut dire ici, c’est que l’homme dont il est question est parfaitement droit sur ses jambes, et que ses pieds sont unis. Les quatre listes du Sud, unanimes comme dans le plus grand nombre de cas, donnent exactement la même interprétation que celle du Lalita vistara. Celle que pro-

  1. Lalita vistara, f. 228 a de mon man. A. Ce morceau manque dans la version française du Lalita vistara tibétain.