Page:Burnouf - Méthode pour étudier la langue grecque, 1836.djvu/9

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Et quant au parfait moyen, pouvais-je en donner à ces verbes après avoir lu dans le même Hermann, p. 235 : Quare perabsurdo errore vulgo in grammaticis leguntur perfecta πέφιλα, τέτιμα, quæ, si extarent, certe πεφίλεα, τετίμαα esse deberent ?

A l’égard des parfaits moyens en général, si quelqu’un s’étonnait de les voir détachés du tableau de la voix moyenne, je lui citerais MM. Hermann, Matthiæ et Buttmann, qui les rangent dans la voix active sous le nom de parfait second, et qui tous observent que cette forme n’a rien de commun avec le verbe réfléchi ou pronominal ; je lui citerais en particulier cette phrase de M. Buttmann, p. 172 : « Tout ce qui, dans les grammaires ordinaires, est donné comme moyen, de plus que le futur et l’aoriste, est une pure invention des grammairiens. » Enfin, et pour ces aoristes, et pour ces parfaits, j’invoquerais l’autorité de M. Boissonade, dont l’opinion est d’un si grand poids dans cette matière ; et je ne serais pas démenti par M. Gail, dont les savantes observations ont détruit tant de préjugés, et commencé en France la réforme de la Grammaire grecque.

La doctrine que je professe n’est donc point nouvelle. Elle se trouve tout entière dans Port-Royal, pour qui sait l’y voir ; elle est vulgaire en Allemagne, et elle y fait la base de l’enseignement. Pourquoi donc ne l’adopterions-nous pas, surtout si, à l’avantage d’être fondée sur l’expérience et la vérité, elle joint celui de faciliter beaucoup l’étude de la langue ?

Or quel soulagement pour les élèves, de n’avoir à retenir dans le verbe que six temps au lieu de huit, et de voir le moyen tout entier dans un tableau de deux demi-pages ! Ils n’en connaîtront pas moins l’aoriste second et le parfait appelé moyen ; mais ils ne verront ces formes que dans les verbes qui les ont effectivement. A quoi bon forgerais-je des barbarismes, pour le plaisir d’en surcharger la mémoire de l’enfant ? Pourquoi l’induirais-je en erreur, en lui faisant croire que tous les verbes grecs ont huit temps ; en