Page:Burnouf - Méthode pour étudier la langue latine, 1843.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces verbes prennent même quelquefois deux accusatifs : illud te moneo ; cf. § 357.

3. Instruire, informer quelqu’un de quelque chose suivent l’analogie d’avertir, et se rendent élégamment par certiorem facere aliquem alicujus rei ou de aliqua re.

§ 315. II. Aux verbes accuser, condamner, absoudre.

Avec les verbes accusare, insimulare, arguere, coarguere, convincere, damnare, absolvere, et autres de signification analogue, le nom du délit se met au génitif : Miltiades proditionis est accusatus, C. N. (Miltiade fut accusé de trahison). — Fannius Verrem insimulat avaritiæ et audaciæ, Cic. (Fannius accuse Verrès de cupidité et d’audace). — Absolvere aliquem injuriarum, Cic. (absoudre quelqu’un du délit d’injure).

Ce génitif s’explique par l’expression très-usitée reum facere aliquem, expression dont accusare, arguere, etc., sont des équivalents. On dit accusare impietatis, comme on dit reum facere impietatis. Par une raison semblable, damnare, absolvere, équivalent à déclarer coupable, déclarer innocent, et le génitif est encore ici appelé par l’idée contenue dans le verbe.

Au lieu du génitif, on emploie quelquefois l’ablatif avec de : Non committam posthac, ut me accusare de epistolarum negligentiā possis, Cic. ( je ne m’exposerai plus à ce que vous puissiez m’accuser de négligence à vous écrire).

Rem. 1. Le terme général crimen, qui signifie non pas crime, mais accusation, grief, se met à l’ablatif : Si iniquus in me es judex, condemnabo eodem ego te crimine, Cic. Ep. II ; (si vous me jugez avec trop de rigueur, je vous condamnerai à mon tour, et pour la même cause) ; et de même : Regni suspicione consulem absolvere, T. Liv. (absoudre le consul du soupçon d’aspirer à la royauté).

2. On y met quelquefois le nom qui désigne la peine : Omne humanum genus, quodque est, quodque erit, morte damnatum est, Sén. (tous les hommes, et ceux qui sont, et ceux qui seront un jour, sont condamnés à mourir)[1].

Avec caput, on se sert indistinctement de l’ablatif et du génitif : Miltiades capitis absolutus, pecuniā multatus est, C. N. (Miltiade ne fut pas condamné à mort, mais il fut puni d’une

  1. L’ablatif est de règle quand il s’agit d’une amende : Camillus quindecim millibus æris damnatur, T. Liv, V, 32. Il y a des exemples du génitif : Quanti damnatus esset, Ibid. Octupli damnatus, Cic. in Verr. III, 12.