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Page:Burnouf - Méthode pour étudier la langue latine, 1843.djvu/261

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DU DATIF.


DATIF AVEC LES VERBES.

§ 341. Le datif marque proprement le terme où aboutit une action. En conséquence, il se joint par sa force naturelle :

1° Aux verbes transitifs comme complément indirect, ainsi que nous l’avons fait voir, § 201. C’est surtout en ce sens qu’on le nomme cas d’attribution.

2° A un grand nombre de verbes intransitifs, qui prennent en français la préposition à, comme : Nuire, obesse, nocere ; Plaire, placere ; Déplaire, displicere ; Obéir, pārēre, ŏbēdire, obtempĕrare, et autres semblables : Mundus Deo paret, et hominum vita jussis supremæ legis obtemperat, Cic. (le monde est soumis à Dieu, et la vie des hommes obéit aux commandements d’une loi suprême).

3° A d’autres verbes qui sont transitifs en français, neutres ou intransitifs en latin : Favoriser quelqu’un, favere alicui ; Etudier les belles-lettres, studēre litteris ; Secourir un ami, auxiliari, opitulari amico ; Epargner les vaincus, victis parcĕre ; Ménager, économiser le temps, parcĕre tempori ; Flatter les grands, potentibus blandiri ; La philosophie guérit les âmes, philosophia medetur animis, Cic.[1].

4° A la plupart des verbes composés des prépositions in, ad, ante, cum, inter, ob, post, præ, sub,

Comme complément indirect s’ils sont transitifs : Summum crede nefas, animam præferre pudori, Juv. (croyez que c’est le plus grand des crimes, de préférer la vie à l’honneur) ;

Comme seul complément s’ils sont intransitîfs : Assuescĕre labori (s’accoutumer au travail[2]). — Præstat honestas incolumitati, Cic. (l’honneur passe avant la sûreté). — Omnes participes sumus rationis, quā antecellimus bestiis, Cic. (nous participons tous à la raison, qui nous élève au-dessus des bêtes). — Varietas

  1. Le complément direct que ces verbes régissent en français, peut être changé par l’analyse en un complément indirect. En effet, favoriser quelqu’un, c’est lui accorder une faveur ; étudier les lettres, c’est donner aux lettres son application ; épargner les vaincus, c’est leur faire grâce ; secourir un ami, c’est lui porter secours, et ainsi des autres. Réciproquement, les régimes directs, faveur, application, grâce, secours, sont représentés en latin par le radical des verbes favere, studere, parcere, opitulari. La chose étant évidente pour ce dernier, dans lequel on reconnaît distinctement opem et le second radical de ferre, l’analogie, qui est la loi des langues, force de l’admettre pour les autres. La différence entre le latin et le français n’est donc que dans la forme, et une analyse facile la fait disparaître.
  2. Le verbe assuescere se trouve aussi avec l’ablatif : homines labore assiduo et quotidiano assueti, Cic. de Orat., III, 15.