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eux). Ce mot n’admet pas d’autres adjectifs que meæ, tuæ, suæ, nostræ, vestræ, et par analogie, alienæ.

Domi signifie souvent en paix, en temps de paix, et, dans cette acception, il a pour opposés belli ou militiæ : Nihil domi, nihil militiæ per magistratus geritur sine augurum auctoritate, Cic. (les magistrats ne font rien ni en paix ni en guerre, ou, ni à Rome ni dans les camps, sans l’aveu des augures). On dit de même aut belli, aut domi, belli domique, domi servant toujours de corrélatif, soit à belli, soit à militiæ, qui seuls ne pourraient être employés en ce sens.

2o Au génitif humi, également adverbial : humi jacēre (être étendu par terre) ; humi corpus abjĭcere, Q. C. (se jeter à terre).

3o A l’ancienne forme d’ablatif ruri : Manlius Titum filium ruri habitare jussit, Cic. (Manlius voulut que son fils Titus vécût à la campagne[1]).

Les poëtes et les écrivains postérieurs à Cicéron emploient aussi rure à la question Ubi ; mais ruri est préférable en prose, et l’autre forme doit être réservée pour la question Unde : ruri esse, rure redire.

§ 367. QUESTION Unde.

Le nom qui exprime le lieu d’où l’on part, si c’est un nom de pays ou un terme général, se met à l’ablatif avec une des prépositions de, ex, ab, selon le verbe dont il est accompagné ; cf. § 323. La préposition est souvent omise avec locus, forum, provincia.

Noms de ville, etc., à la question Unde.

Les noms propres de ville, ceux de quelques petites îles, ainsi que domus, humus et rus, se mettent à l’ablatif sans préposition : Dionysius Platonem Athenis arcessivit, C. N. (Denys fit venir Platon d’Athènes). — Domo profugěre, Cic. (s’enfuir de chez soi, de sa maison, de sa patrie). — Surgit

  1. Il est inutile de rien sous-entendre pour expliquer les génitifs Romæ, Lugduni, domi, humi. Remarquons d’abord que Romæ est pour Romai, et que dès lors tous ces mots se terminent réellement en i comme ruri et comme Tiburi, Carthagini, Lacedæmoni, dont on trouve des exemples à la question ubi, enfin comme ubi lui-même et ibi. N’est-il pas permis de penser que le cas du repos était primitivement le datif en latin comme en grec, ou plutôt que, dans les deux langues, la terminaison i ajoutée au radical formait un cas spécial destiné à marquer le lieu où l’on est ? Les désinences æ et i n’auraient donc du génitif que l’apparence, et seraient un vrai locatif. Priscien et Donat, en considérant ces prétendus génitifs comme des adverbes de lieu, conduisent directement à cette conjecture. Ce serait aussi une trop bizarre anomalie, que le même rapport fût exprimé par un cas au singulier et par un autre au pluriel.