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L’objet du repentir, de la honte, etc. peut être aussi exprimé par un infinitif : Quem pœnitet peccasse, pæne est innocens, Sén. le tr. (celui qui se repent d’avoir péché, est presque innocent). En ce cas, l’infinitif est sujet de pœnitet.

Rem. 1. Pour exprimer « Je commence à me repentir, » on dira incipit me pœnitere, dont l’analyse est : « Le repentir commence à me prendre. » Cette règle s’applique aux verbes soleo, debeo, possum, incipio, cœpi, desino. Construits avec les infinitifs pœnitere, pudere, etc., ces verbes ont pour sujet l’idée contenue dans l’infinitif, et par conséquent ils se mettent toujours à la troisième personne du singulier : Solet eum, quum aliquid furiose fecit, pœnitere Cic. (il a coutume de se repentir, lorsqu’il s’est livré à quelque emportement). — Postquam animus conquievit, pigere eum facti cœpit Just. (lorsque son esprit fut calmé, il commença à être fâché de ce qu’il avait fait).

2. Outre l’impersonnel me miseret, j’ai pitié s’exprime encore par misereor avec le génitif : « Ayez pitié des alliés, » Miseremini sociorum, Cic. — Il ne faut pas confondre misereri avec miserari, qui signifie plaindre, déplorer, et qui régit l’accusatif : Miserari casum alicujus (déplorer le sort de quelqu’un).

§ 379. Verbes rēfert, intĕrest (il importe).

Avec les verbes rēfert et interest, le nom de la personne à laquelle une chose importe se met au génitif : « Il importe au roi, il est de l’intérêt du roi, » Regis interest.

Au lieu de mei, tui, sui, etc., génitifs des pronoms personnels, on emploie les ablatifs pronominaux possessifs meā, tuā, suā, nostrā, vestrā : « Il m’importe, » Meā rēfert. — « Il est de notre intérêt, » Nostrā interest[1].

Si ces possessifs sont suivis de qui, quæ, quod, ce relatif s’accorde en genre et en nombre avec le pronom personnel représenté par meā, tuā, etc. « Il vous importe, à vous qui êtes pères, » Vestrā interest, qui patres estis, Pl. le j. Qui se

  1. Ces mots sont réellement des ablatifs féminins et non des accusatifs pl. neutres. Priscien l’affirme en propres termes, et la chose est évidente pour rēfert, composé de fert et de l’ablatif re. Elle se conclut par analogie pour interest, où re est sous-entendu. L’ablatif n’est pas plus étrange ici que dans intereā (cf. § 90, R. 4). Un ex. de Plaute, Capt II, 2, 46 : tuā re feceris (tu auras agi dans ton intérêt), conduit directement à tuā rē fert, tuā [] interest. Enfin a est toujours long dans les poëtes, et ce fait est décisif. Ajoutons que explique très-naturellement le génitif qui se joint à ces verbes.