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DES VERBES EN GÉNÉRAL.

§ 390. VERBES AYANT DES RÉGIMES DIFFÉRENTS.

Souvent deux verbes qui ont pour complément un seul et même objet régissent des cas différents parce que l’un est actif et que l’autre est neutre : Naturam ducem sequimur, eique paremus, Cic. (nous suivons pour guide la nature, et nous lui obéissons). Le complément du premier verbe est représenté devant le second par lui en français, par ei en latin, obéir et parēre étant également neutres.

S’il arrive qu’en français les deux verbes soient actifs, et qu’en latin seulement l’un des deux soit neutre, on se règlera d’après le même principe : « Nous aimons et nous favorisons les jeunes gens, » Amamus adolescentes, illisque favemus. — « La douceur du langage flatte et séduit les oreilles, » Suavitas orationis blanditur aurïbus, easque allicit. — « Voilà les jeunes gens que nous aimons et que nous favorisons, » Hi sunt adolescentes quos amamus et quibus favemus.

§ 391. CHANGEMENT DE L’ACTIF EN PASSIF.

Un verbe transitif peut toujours passer de la voix active à la voix passive, sans que la pensée cesse d’être la même. Le complément direct du verbe actif devient alors sujet du verbe passif : « Tout le monde loue la vertu ; La vertu est louée de tout le monde, » Omnes laudant virtutem ; Virtus ab omnibus laudatur.

Nota. Le latin aime à énoncer les propositions sous la forme passive, dans beaucoup de cas où le français préfère la forme active, qui, dans notre langue, est plus rapide et plus dégagée.

§ 392. Amphibologie et manière de l’éviter.

Le changement de l’actif en passif est indispensable dans certaines propositions infinitives, pour éviter des amphibologies comme celle de l’oracle rendu à Pyrrhus : Aio te, Æacida, Romanos vincere posse[1]. Ce vers signifie-t-il « Je dis que tu peux vaincre les Romains, » ou « Je dis que les Romains peuvent te vaincre ? » rien ne l’indique, parce qu’on ne peut savoir lequel de te ou de Romanos est sujet de la proposition infinitive,

  1. Cic. de Divin. ii, 56 ; Quintil. vii, 9, 7.