Page:Burnouf - Méthode pour étudier la langue latine, 1843.djvu/322

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plus fort que ne serait omnia. En effet, nihil non aggressuri sunt équivaut à Nihil est quod non aggressuri sint, et c’est d’après cette analyse qu’il faut traduire, pour conserver le mouvement de la pensée. Ces deux tournures ont exactement le même sens ; et pour rendre la phrase suivante : « Il n’est personne qui ne souhaite à ses enfants la santé et le bonheur, » on peut dire avec Cicéron[1] : Nemo est, qui non liberos suos incolumes et beatos esse cupiat ; ou : Nemo non liberos suos incolumes et beatos esse cupit.

§ 455. Non possum non. — Non possum quin.

1. La locution non possum non, suivie d’un infinitif, répond au français ne pouvoir s’empêcher de, ne pouvoir manquer de : « Je ne puis m’empêcher de parler (je ne peux pas ne point parler) » Non possum non loqui. — « Celui qui compte la mort au nombre des maux, ne peut manquer de la craindre (ne peut pas ne point la craindre) » Qui mortem in malis ponit, non potest eam non timere, Cic.

2. Le même gallicisme peut se rendre aussi par Facere non possum quin, avec le subjonctif : Facere non potui, quin tibi sententiam declararem meam, Cic. (je n’ai pu m’empêcher de vous faire connaître ma pensée).

Facere est quelquefois sous-entendu : Non possum quin exclamem[2] (je ne puis m’empêcher de m’écrier).

§ 456. Neque... non. — Nec... non.

A l’usage de la double négation se rattachent neque... non, nec... non, par exemple : Nemo Attico minus fuit ædificator ; neque tamen non imprimis bene habitavit, C. N. (personne n’aima moins à bâtir qu’Atticus ; et cependant il fut parfaitement bien logé, ou, ce qui ne l’empêcha pas d’être fort bien logé).

Tel est le sens de nec non en bonne prose ; nec est toujours séparé de non par quelque mot, et il donne à la proposition un tour négatif, qu’il faut essayer de conserver en français. Necnon n’est employé en un seul mot que dans les poëtes, et dans les écrivains postérieurs au siècle d’Auguste ; encore n’y est-il pas complètement synonyme de et.

  1. De Invent. I, 30.
  2. Plaut. Trinum. III, 2, 79 ; cité par Cic., de Or. II, 10.