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efficit aut laudabiliorem virum ? mais il n’y a là qu’une seule proposition ; aut pourrait être remplacé par et, et laudabiliorem n’est pas opposé à meliorem. Si l’auteur eût voulu dire : « La volupté rend-elle l’homme meilleur ou moins bon ? » il aurait écrit : Voluptas melioremne efficit virum, an deteriorem ?

§ 470. Différence deet de ăn ; de nonne et de annon.

Le véritable signe de l’interrogation simple et directe est (cf. § 467). On ne peut jamais entrer en matière par an, et l’on ne dira pas en latin : An vidisti regem ? pour exprimer : Avez-vous vu le roi ?

An est une particule disjonctive qui répond à ou, ou bien, et dont la destination propre est d’annoncer la seconde partie d’une interrogation à deux membres. Toutes les fois qu’on le trouve au commencement d’une phrase, c’est qu’il a rapport à une idée qui précède, ou qu’il est facile de suppléer. Ainsi, lorsque Cicéron[1] dit : An ille mihi liber, cui mulier imperat ? (regarderai-je comme libre celui qu’une femme gouverne ?) c’est qu’il vient de poser en principe que l’obéissance d’une âme sans force et sans volonté est un esclavage. En continuant cette idée, on pourrait traduire : Ou bien tiendrai-je pour libre celui que, etc. ?

An non ou annon s’emploie pour nonne dans les mêmes circonstances que an pour ne : An non est omnis metus, servitus[2] ? (toute crainte n’est-elle pas un esclavage ?) Cicéron vient de dire que tout coupable est esclave, parce qu’il craint la justice, et il ajoute : Ou bien toute crainte n’est-elle pas, etc. ?

Mais si je fais à un voyageur la question simple et absolue, « N’avez-vous pas vu Rome ? » il faudra dire : Nonne Romam vidisti ? et non pas annon, parce qu’il n’y a pas continuation d’une idée antécédente.

§ 471. Mode des verbes dans l’interrogation directe.

1. Il est de règle que l’interrogation directe se fasse par l’indicatif ; cependant on peut employer le subjonctif si l’on veut exprimer l’idée du conditionnel français ou celle du futur (cf. § 399 ) : Utrum tandem pluris æstimemus pecuniam Pyrrhi, an continentiam Fabricii ? Cic. (qu’estimerons-nous le plus des trésors de Pyrrhus, ou du désintéressement de Fabricius ?)

  1. Parad. V, 2. — Mihi est employé ici comme moi dans Prends-moi le bon parti. Cf. Méth. gr., § 337, IV.
  2. Cic., Parad. V, 3.