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Page:Burnouf - Méthode pour étudier la langue latine, 1843.djvu/5

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tachent comme les rameaux à la branche, et comme la branche au tronc de l’arbre.

Le point de vue de cette Méthode est donc l’union de l’organisme et de la logique. En conséquence, dans la première partie, en traitant des différentes espèces de mots, j’en analyse les formes, mais seulement autant qu’il le faut pour en montrer les rapports mutuels et pour aider la mémoire. Les philologues versés dans la grammaire comparative trouveront que je n’ai pas poussé cette analyse assez loin. Si d’autres personnes croyaient, au contraire, que certains détails où je suis entré n’étaient pas absolument nécessaires, je les prierais de remarquer d’abord que la mémoire ne retient sûrement que ce dont l’esprit s’est rendu compte ; ensuite, qu’un enfant auquel vous expliquez la raison des choses, vous en sait gré, et vous récompense de votre peine par une attention plus soutenue. Il est flatté de la confiance que vous avez dans son jugement ; l’émulation le gagne, sa pénétration s’éveille, et vous le verrez quelquefois compléter une théorie dont vous ne lui aurez indiqué que les premiers éléments. Je ne veux pas que l’on étale devant des commençants les curiosités de la science ; mais je veux qu’on leur en découvre les principes. Ainsi, par exemple, quand on dit que le verbe attributif renferme implicitement l’idée d’un attribut et celle du verbe être, théorie connue même dans les écoles primaires, il est certainement utile de faire voir que les parfaits en ui, comme potui, monui, ou en vi, comme amavi, delevi, audivi, contiennent réellement l’auxiliaire fui, dont l’f a disparu, parce que l’aspirée forte n’est admise dans aucune flexion grammaticale. J’aurais pu même ajouter que l’a d’amāvi, l’e de delēvi, l’i d’audīvi, ne sont longs que par une compensation euphonique de cette f supprimée, et que s’ils le sont encore dans les supins amātum, delētum, audītum, c’est par analogie et non par contraction, de même qu’ils le sont dans errābundus, verēcundus où l’on ne peut pas supposer de voyelle retranchée. C’est un exemple de l’influenœ réciproque de la flexion sur la quantité et de la quantité sur la flexion, influence dont on voit une preuve non moins frappante à la page 65, et qui pourrait fournir à l’enseignement de la prosodie des principes tout à fait nouveaux. Sans entrer dans cette question, je marque la quantité sur les principales voyelles des déclinaisons et des conjugaisons ; il en résultera au