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d’exercice, et ne pas faire apprendre aux commençants les règles et les observations qui accompagnent chaque liste ; mais je ne crains pas d’affirmer que, dès qu’un enfant intelligent aura lu ces huit ou neuf pages, il voudra les relire, et ne tardera pas à les savoir.

La manière dont j’ai présenté les verbes facilitera beaucoup, je l’espère, l’étude et l’intelligence de la conjugaison. Les paradigmes sont suivis d’une analyse des formes qui contient, sur les parfaits et les supins, les seules règles qu’il soit possible d’établir, dans une matière où les anomalies sont si nombreuses. Les listes de verbes d’où je déduis ces règles offriront des modèles à conjuguer d’autant plus utiles que toutes les formes de parfait et de supin s’y trouvent réunies[1].

Je n’ai point partagé les temps en principaux et secondaires. Cette division, si commode en grec, où chacune des deux classes a ses terminaisons distinctes, est stérile dans les verbes latins, dont toutes les troisièmes personnes se terminent par les mêmes lettres. J’y ai substitué la division en deux séries, dont la première présente l’action comme non accomplie (amo, amabam, amabo), et la seconde comme accomplie (amavi, amaveram, amavero). Cette division, déjà indiquée par Varron[2], a le double avantage d’affecter à la fois et la forme et le fond ; la forme, puisque les temps de chaque série dérivent l’un de l’autre ; le fond, puisque les actions exprimées par chaque groupe de temps sont entre elles comme ce qui est fini et ce qui dure encore, différence profonde qui a son application dans toutes les parties de la Syntaxe, et dont l’importance peut être appréciée par la seule comparaison de liber lectus est et liber legitur (§ 68). C’est aussi un merveilleux encouragement pour l’élève de savoir que tous les verbes de la langue, sans aucune exception, se conjuguent d’une seule et même manière aux temps de la seconde série, et que la conjugaison de ces temps est connue dès que l’on sait fui, fueram, fuero. Car le verbe sum, celui de tous qui ressemble le plus au français, est aussi, en quelque sorte, la clef de tous autres. Le rôle qu’il joue comme auxiliaire dans la conjugaison du passif, rend l’étude de cette voix si facile, que plus d’un enfant récitera les trois derniers temps d’amari avant de les avoir lus.

  1. On pourra, dans le premier enseignement, ne pas faire réciter le texte des §§ 57, 58 et 59.
  2. De Ling. lat. I. IX, § 96, X, § 48,.