Page:Busch - Découvertes d’un bibliophile.djvu/60

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quelquefois l’opinion la moins probable. D’ailleurs quelles sont ces conséquences claires et immédiates ? La calomnie est-elle une de ces conséquences ? Le vol par nécessité, le vol par compensation occulte, la contrebande, la complicité de l’avortement et les breuvages stérilisants ABSOUS DE TOUTE PEINE CANONIQUE (Compendium, t. I, p. 274, l. 18 et suiv.), toutes ces conséquences sont-elles claires et immédiates ?


« Sur cela le Bibliophile avance d’abord que la qualification de conscience invinciblement erronée ne peut s’appliquer à la conscience que pour des actes déjà consommés, et que l’admettre pour des actions futures, ce serait le fatalisme, et par conséquent la destruction de toute morale. On ne voit pas trop quel intérêt il a de mettre en avant cette absurdité. Quoi ! vous n’admettez pas que cette personne, qui ignore actuellement quelque point de son devoir sans qu’il y ait de sa faute, puisse encore se trouver le moment suivant dans la même ignorance ? Supposez la continuation des mêmes circonstances, la même impuissance des lumières personnelles, le même défaut d’instruction reçue d’autrui relativement au point ignoré ; pensez-vous que la conscience invinciblement erronée aujourd’hui ne pût pas l’être encore demain ? Pour éclaircir ceci par un exemple, supposons qu’en ce moment votre conscience, qui est sûrement erronée, le soit invinciblement. D’après notre supposition, dans quelle erreur, dites-moi, aurez-vous passé la journée d’hier et les précédentes pendant lesquelles vous avez manufacturé vos Découvertes ? N’est-ce pas dans une erreur invincible ? Et cette erreur invincible qui fait la conscience invinciblement erronée, n’a-t-elle pas été future durant tout le temps qui a précédé ? Pourquoi donc quelqu’un qui vous aurait bien connu, n’aurait-il pas pu dire avant-hier : « Ce bibliomane pourrait bien encore demain toute la journée ne pas voir plus clair en morale qu’il y voit aujourd’hui, et par conséquent rester avec sa conscience invinciblement erronée. » Serait-ce là du fatalisme ? Y aurait-il même du fatalisme à étendre cette possibilité à toute votre vie ? Non. Vous en convenez. Permettez-moi donc de conclure contradictoirement à votre assertion : 1° Que la qualification d’invinciblement erronée peut s’appliquer à la conscience pour des actes passés, présents