Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/210

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Même sur ma conduite ils ne peuvent se taire,
Disant qu’avec la Nuit j’ai toujours quelque affaire,
Que je l’aime, et qu’on voit que je la pousse à bout ;
Bien plus, ils osent dire, et chacun le tolère,
Que nous sommes tous deux avec vous de complot.
La cour, en réglant cette affaire,
N’oublira pas d’en dire un mot.
La médisance est d’une ame vulgaire,
Et pour le moins mérite le cachot.

Nous passons aussi la requête que vinrent présenter les amants,

En équipage de clients,
Mal vêtus, mal peignés, force chagrins en tête,

Et nous arrivons au jugement.

La cour séant de relevée,
Vu le droit de ses chers amés féaux amants,
Et sans égard à ceux d’aucunes mères-grands,
De l’opposition desquelles main-levée
Est faite à tous les soupirants,
Ordonne que le Soir, comme plus favorable
Pour les délices des humains,
Comme plus frais, plus beau, plus doux, plus désirable,
Plus propre à dissiper les amoureux chagrins,
Sera déclaré préférable
A ses deux frères utérins :
Leur fait défense d’en médire,
Si quelquefois avec dame la Nuit
Il s’accommode sans rien dire,