Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/246

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L’éclat de ses attraits auroit charmé les dieux.
J’en ressentis bientôt la fatale puissance ;
Et, dans ce doux transport, éperdu, sans défense,
Ma liberté paya le plaisir de mes yeux.

Vous qui craignez une ardeur inquiète,
Fuyez ses dangereux appas ;
L’Amour, qui vole sur ses pas,
Est garant de votre défaite.
Vos soins empressés, vos ardeurs,
N’attendriront point l’inhumaine.
L’insensible jouit sans peine
D’un bien qu’elle ôte à tous les cœurs.

Mais, que dis-je ? Pourquoi redouter de la voir ?
La liberté vaut-elle un si doux esclavage ?
Venez joindre, bergers, vos vœux à mon hommage,
Et sachez, comme moi, la servir sans espoir.

Chantez, résonnez, ma musette.
Élevez vos sons dans les airs ;
Célébrez mon ardeur parfaite
Et la beauté de celle que je sers.

Réveillez l’écho qui repose
Dans les autres de ces déserts ;
Que les soins où l’amour m’expose
Soient le sujet de vos concerts.